Jelena - Il y avait des jours comme ça où il serait meilleur de rester couché.

« La prospérité montre les heureux, l'adversité montre les grands. »

De nos jours l'adversité est maitre de nos pensées. Chaque hommes choisit de se tourner vers la facilité, et la facilité réside dans le combat. La loi du plus fort, voilà dans quel monde nous vivons aujourd'hui. Seulement ici, à l'Institut, le plus fort est difficile à trouver. Certes, certains ont plus de capacités que d'autres, mais certains reste et resterons perpetuellement dans cet interminable cercle vicieux qu'est l'adversité.
Jesen et Jelena reste l'exemple le plus parfait de toute l'adversité qui peut régner en un seul homme, se battant l'un contre l'autre depuis plusieurs années maintenant, il s'évertue et s'entête a descendre l'autre sans raison apparente particulière. D'ordinaire Jesen n'aurait certainement pas répondu à la petite remarque de Jelena, où alors il l'aurait fait, mais il se serait contenté de partir après sans prendre le temps d'entendre la réponse, si peu intéressante à son goût, de Jelena. Mais ce soir non, il répondait, enchainait sur une autre phrase et ne se poussait pas. Mais c'est quoi son problème à ce type ? Sans trop rien dire au début Jelena attendit quelques secondes qu'il daigne se pousser de son chemin, or de question pour elle de redescendre afin de passer de l'autre côté, cela serait un signe de faiblesse face à cet homme qui n'en valait pas la peine. Après ces quelques secondes d'attente, qui lui parurent une éternité, Jelena monta à hauteur de Jesen, et se mit sur la même marche que lui, légèrement plus petite que le jeune homme, elle inclina ses yeux vers les siens et elle lui lanca le regard le plus noir qui puisse exister, pendant quelques minutes leurs deux regards s'affrontèrent, sans bouger, ni parler, les deux jeunes gens trouvaient encore le moyen de se haïr.

« Le sommeil est dur à trouver en ce moment. Mais bizzarement je préfère de loin tourner en rond dans mon lit plutôt que de continuer à voir ta sale gueule de con ! » _dit-elle tout en douceur et très calmement.

Jesen ne répondit pas à cette remarque de Jelena, mais un petit sourire se dessinait sur son visage. C'était extrêmement dommage que Jelena ne supporte pas Jesen, parce que rien que pour son physique elle aurait pu tomber amoureuse. Mais l'homme qui se cachait en lui était insupportable au point de le haïr plus que de l'aimer. Toujours sur la même marche, les yeux dans les yeux, Jelena pouvait à présent passer comme bon lui semblait afin de s'en aller, mais cela aurait été trop facile. Elle attrapa le col du T-shirt de Jesen et elle le colla violement contre le mur qui se trouvait derrière lui.

« Tu ne me fais pas peur Stendholf.. »

Dans l'interminable sentiment d'égoïsme et de supérioté dans lequel se trouvait Jelena, elle venait d'afficher une fois de plus qui 'Etait le patron' , c'était sans compter sur la répartie, quelque fois violente, de Jesen.

« La torture interroge, et la douleur répond. »

La torture peut-être dissimulée sous deux formes bien distinctes. Il y a la torture psychologique et la torture physique. Dans les deux cas la torture engendre des séquelles morales ou physiques, la torture est volontaire, et elle cherche à assouvir certains plaisir sadiques. Entre Jesen et Jelena la torture est maître. Bien que Jelena excelle à merveille dans ce domaine qui lui plaît tant, Jesen n'éprouve aucun malaise à rivaliser avec elle, et il est de taille.
Les hostilités d'abord lancées par la demoiselle furent vite renvoyées à l'envoyeur. Toujours bloqué contre le mur Jesen repoussa vivement Jelena, elle vacilla légèrement, malgré son équilibre de maître, les marches restent difficiles à dompter, puis de nouveau stable sur ces jambes, ils restèrent l'un à côté de l'autre à se regarder dans le blanc des yeux. Jesen s'essoufflait à dire des paroles que Jelena n'écoutait que brièvement. La discussion n'était pas le point fort de la jeune femme, assez vive et réactive, elle ne s'étendait jamais sur des paroles qui n'en valaient pas la peine. Une fois son petit discours, probablement intéressant mais extrêmement inutile, Jesen attrapa Jelena à la gorge et il la plaqua à son tour contre le mur. Durant toute ces années de violences Jelena n'avait eut aucun problèmes à se battre, ces victimes ne se défendait presque jamais. Mais la défense est inutile, quand la personne qui vous menace s'efforce de vous torturer avec plaisir. A l'Institut il y a certaines règles, et bien entendu causer la mort d'un de ces camarades enfreindrait pas mal de ces règles, alors à défaut de tuer, le combat reste la principale source de défense de n'importe quel individu se trouvant ici et face à une autre personne tout aussi apte que lui à se battre. Habituée depuis pas mal de temps maintenant aux nombreuses prises de gorge de Jesen, Jelena ne riposta pas. Elle n'était pas d'humeur à se battre, et encore moins à perdre son temps avec un abrutti dans son genre. Une fois plaquée au mur ils restèrent quelques instant dans cette position. Jelena remarqua que le jeune homme s'était légèrement positionné sur son côté, au bout de cinq ans il avait apprit à ne jamais se positionner face à elle, mais il n'avait toujours pas retenu qu'il ne fallait jamais la chercher visiblement. Tout aussi stoïque l'un que l'autre, sans bouger ils affichaient autant elle que lui un air fier. Puis Jesen se mit à parler, gâchant légèrement ce moment de doute sur qui détenait réellement le pouvoir, ce qui exaspéra très sérieusement la jeune femme, surtout que ces mots incitaient à la provocation. Jesen avait toujours ses mains sur la gorge de Jelena et entre deux respirations coupés elle articula :

« Tu as deux secondes pour enlever tes mains de mon cou, sinon je te jure que les cinq prochaines minutes de mon existence je m'acharnerais à faire en sorte que tu ne puisses plus jamais te servir de tes parties génitales ... »_dit-elle toujours aussi calmement.

Jelena restait calme et très sérieuse, ce qu'elle venait de dire n'avait rien d'une plaisanterie. La torture est le mode de tuerie de Jelena, beaucoup d'hommes ont été ses victimes, et beaucoup sont mort sans ce qui, de nos jours, caractérise l'homme.

Jesen gardait le silence depuis déjà quelques secondes, plongeant simplement son regard dans celui de Jelena sans un certain amusement. Jamais personne n’avait su déterminer qui était réellement le plus fort car ils évoluaient dans deux mondes parallèles et s’affrontaient régulièrement mais jamais on ne pouvait vraiment parler de victoire ou de défaite. Aucun n’abandonnait lâchement mais parfois eussent-ils laissé là le jeu pour le reprendre plus tard, s’emportant pour de nouveaux détails futiles. On aurait pu dire qu’ils se provoquaient sans raison valable mais qui aurait osé leur dire ça pendant leur rencontre ? Personne. L’un comme l’autre, ne s’effaçaient jamais, quitte à se bousculer dans un couloir sans même s’accorder un regard. Entre tout être vivant il existe des codes plus ou moins universels mais ceux qui unissent et éloignent à la fois les deux jeunes gens sont bien plus complexes que quiconque n’aurait pu l’imaginer. Un simple regard peut être preuve de curiosité, d’intérêt, d’amour ou même servir de salut mais pour eux un simple regard suffisait à marquer, entailler plus profondément leur haine dans leurs chairs sans utiliser le moindre mot. La provocation verbale était un extra, pas une obligation pour comprendre leur ressentiment. Ainsi en ce moment même ils savaient échanger leur rancœur sans s’adresser des paroles utiles mais pourtant certaine fois, la voix à son intérêt. Les menaces de Jelena par exemple. Malgré son naturel d’anticonformiste, Jesen respectait vaguement les avertissements sourds de la jeune femme lorsque ses derniers sonnaient trop dangereux et sérieux. Il la savait sadique et connaissait son goût prononcé pour la torture mais n’avait jamais joué la carte du risque sur ce point, ne craignant pas la douleur, non, mais pour une raison plus subtile : éviter de donner satisfaction à Jelena. Nonobstant son entraînement et ses années d’expériences, il avait conscience qu’il ne saurait résister longtemps à la jeune femme s’il s’avançait sur son terrain de mort. Sachant aussi que la moindre grimace ou râle de douleur pourrait prouver sa supériorité, il se gardait bien de tenter le Diable ; ainsi retira-t-il sa main de sa gorge sans pour autant reculer. Céder à la menace oui, s’avouer vaincu, non.

Parfois Jensen venait à se demander qui il haïssait le plus croiser dans un couloir. Keaton ou Tyne ? La première réponse, instinctivement ancré en lui avait été Jelena, bien évidemment mais après une plus mûre réflexion et voyant sa relation se dégrader avec Conell, il opta pour dire que c’était cette dernière qu’il aimait le moins voir, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Le danger, avec Tyne, c’était que leurs « désaccords », s’ils éclataient en publique, devenaient source d’amusement pour les autres ce qui ne faisait que faire monter la tension tandis qu’avec Keaton….Les autres préféraient passer leur chemin tête basse plutôt qu’observer ces deux là dans leurs « affrontements ».
Après l’avoir relâché, il la toisa d’un regard accusateur et noir d’avoir mis terme à ce qui consistait pour lui à une distraction quasi sadomasochiste.

« Tu n’as donc pas mieux pour te défendre ? La grande Keaton, réduite aux menaces pour se débarrasser d’un inconvenant ? »