Réflexions au pied d'un escalier

Invité

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Jesen, qui avait eu la malheureuse idée de se moquer de Jelena quelques jours auparavant avant contracté sa « maladie » sur laquelle il avait tant rit : l’insomnie. Lassé de tenter de rattraper le sommeil dans une course folle perdue d’avance, il préférait errer dans les couloirs toutes les nuits, prenant le risque d’un jour commettre une erreur, être vu et sanctionné. Il avait toujours aimé être anti-conformiste, allant à l’opposé d’un idéal commun. Il se glissa hors de l’ombre, dévala la volée d’escalier rapidement, sautant quelques marches puis se stoppa sur un palier intermédiaire, prêtant attention au peu de bruit qui lui parvenait. Lorsqu’il fut certain qu’il n’avait éveillé aucun garde ou élève, il finit de descendre l’escalier. Le hall, vide, devenait impressionnant. Le moindre bruit résonnerait, se décuplant par 10 voir 100. Il fit le tour de toutes les pièce vides sans prendre le risque de s’approcher du bureau de Morgan puis descendit en salle d’entraînement, sachant qu’une fois la porte refermée sur lui, il n’y aurait plus aucun risque d’éveiller quiconque. La salle vide le fit sourire et il soupira, soulagé d’être libre de sa nervosité qu’engendrait le facteur risque.

S’épuiser, s’user et repousser les limites corporelles fut un tout qui forma une occupation pour lui pendant près d’une heure trente puis son corps le força à stopper. Ses jambes cédèrent sous lui. Il tomba durement à genoux sur le sol froid, la respiration courte tandis que la sueur perlait sur son front. Il ferma les yeux, prenant le temps de récupérer puis se releva et s’étira pour parer à toutes courbatures avant de retirer son t-shirt et s’essuyer le front avec. Il remonta au rez-de-chaussée, et profitant pour passer sa tête sous l’eau dans l’évier de la cuisine. Lorsqu’il se redressa et un long frisson parcourut son échine en même temps que l’eau glacée gouttant de ses cheveux, glissait dans son dos, sur sa peau nue. Il passa ses doigts dans ses cheveux, les ébouriffant, uniquement moyen de se débarrasser un minimum de l’eau dont ils étaient gorgés. Une fois cela fait, il reprit son t-shirt roulé en boule à côté de l’évier.

Il retraversa le hall et s’apprêtait à remonter dans sa chambre lorsqu’il entendit un bruit très léger et aperçut le mouvement furtif d’une ombre mouvante. Il fit demi-tour, s’éloignant rapidement d’un pas souple et furtif. Lorsqu’il revint, le claquement sec d’une recharge indiqua qu’il avait récupéré l’arme de « service » qu’il avait utilisé pour sa mission. Un simple CP99. Discret et amplement suffisant. Il revint vers l’escalier et se coula dans l’ombre sur le qui-vive. Lorsqu’il repéra la silhouette il esquissa un sourire. Jesen, habitué par tant de missions réusites, fut vif et posa froidement l’arme contre la tempe de ce qui semblait être une jeune femme.

« Qui es-tu. »

Invité

Même si Cyrith avait appris à ne jamais avoir peur, elle ne put s’empêcher de frissonner en entendant l’inconnu revenir sur ses pas. Elle était quasi certaine qu’il avait entendu son recul spontané, pas du tout discret. Les surveillants étaient généralement surentraînés, et le moindre bruit était perceptible pour leur ouïe fine. Tremblante, elle retenait du mieux qu’elle pouvait sa respiration, tachant de se calmer pour paraître au moins courageuse si elle devait être découverte. Ce n’est que quand un métal froid se posa sur sa tempe qu’elle comprit la nature de la silhouette qui se tenait près d’elle. Ca ne pouvait être un surveillant, ils se promenaient toujours avec une arme mais rares étaient les fois où ils les pointaient sur les adolescents, ce devait donc être un adolescent, même si le terme, sachant qu’il pouvait la tuer en cinq secondes était mal placer. Mais aussi étrange soit il, la jeune brune fut soulager de savoir que ce ne serait pas aujourd’hui qu’elle dirait adieu à ses petites promenades de nuit. L’inconnu devait lui aussi être un insomniaque, aussi elle n’avait rien à craindre.

Doucement, son cœur prit une cadence plus régulière, et un sourire en coin, quelque peu sadique, se peignit sur son beau visage.

« C’est ainsi que l’on traite les femmes de nos jours ? »

La tueuse espérait juste que l’homme avait un soupçon d’humour, ne voulant pas salir la moquette avec sa cervelle. Il serait dommage de mourir maintenant, alors qu’elle n’était même pas en mission. Et puis la situation restait inquiétante puisqu’elle ne voyait même pas le visage de son agresseur, plongé dans l’ombre. D’habitude c’était elle qui prenait par surprise les gens, rarement l’inverse, et être la proie ne lui plaisait pas vraiment.

Cyrith se décala sur le côté pour ne plus sentir l’arme pointée sur elle. Cela la rassurait un peu plus. Elle se maudit d’avoir tremblé, se montrant faible face à un adversaire. C’était probablement pour ça qu’elle n’était pas chez les Medium, probablement pour ça qu’elle n’avançait pas.